C… comme Chenavier
RUBRIQUE : L’habitat, Les gens d’ici, Les guides, Les métiers

Au Chenavier, propriété privée, ne subsiste qu’une seule maison, entretenue et habitée en été. Pourtant, en cherchant de part et d’autre du sentier qui monte depuis Tré-le-Champ, on découvre les ruines d’anciens murs correspondant, selon la Mappe Sarde, au hameau du Chenavier d’autrefois. Ici, résidait à l’année un certain Michel Ambroise Ducroz (1822-1898), répertorié à la Compagnie des Guides de Chamonix, surnommé « Chenavier » en 1855.
Diaporama de l’article

Ruines de chalet d’autrefois;

Ancien panneau pour les excursionnistes du siècle dernier

Vue sur l’Aiguille Verte

Près du chalet, la croix

Façade tournée vers le massif

Une source de proximité et l’eau précieuse recueillie dans une conque de pierre
Lorsque l’on se trouve au chemin du Chenavier desservant une copropriété à Montroc, la forêt d’épicéas masque à la vue le vrai lieu-dit le Chenavier, superbe clairière perchée à 1635 mètres d’altitude juste au-dessus de nos têtes.
Au Chenavier, propriété privée, ne subsiste qu’une seule maison, entretenue et habitée en été. Pourtant, en cherchant de part et d’autre du sentier qui monte depuis Tré-le-Champ, on découvre les ruines d’anciens murs correspondant, selon la Mappe Sarde, au hameau du Chenavier d’autrefois. Ici, résidait à l’année un certain Michel Ambroise Ducroz (1822-1898), répertorié à la Compagnie des Guides de Chamonix, surnommé « Chenavier » en 1855.
Sch’névi, chenavière, tsénavo… le vieux français et le patois s’accommodent, selon l’accent, du bas latin canapu pour désigner la fibre textile : le chanvre et le champ planté de chanvre : le chenavier.
À l’élevage et aux produits agricoles s’ajoute l’exploitation des forêts voisines. Mais il est important d’y additionner, à l’époque où l’on vit en autarcie, les cultures du chanvre ou du lin.
La culture du chanvre, qui semble être une des plus anciennes puisqu’elle figure déjà dans la perception des dîmes au moment de la création du Prieuré, perdure jusqu’en 1920, et même 1955 aux Contamines ! Cette plante textile permet de confectionner une toile grossière utilisée en habillement et pour le linge de maison. Avec le développement de l’alpinisme, le chanvre est également largement employé pour la fabrication des cordes de montagne. La petite histoire retient certains noms d’excellents cordiers comme Pierre et Alexandre Favret des Pèlerins, par exemple.
Le chanvre est semé au printemps et récolté en automne à la main. Les tiges sont d’abord séchées au soleil pour faire tomber fleurs et feuilles puis assemblées en bottes. L’opération suivante, le rouissage (néji l’chanvro), consiste à faire disparaître, sous l’action de l’humidité et de la fermentation obtenue après une immersion prolongée, la substance gommeuse reliant les fibres textiles en mettant ces dernières à nu. Pour ce faire, les bottes de chanvre sont plongées dans les routoirs (naie ou ney) (du gaulois nasiare = rouir) sortes de fosses creusées à proximité d’un torrent et remplies d’eau. À noter que, à l’inverse de l’eau des torrents, l’eau de l’Arve, trop sablonneuse, ne convient pas au rouissage !
Le broyage et le teillage du chanvre se feront plus tard, après que les gerbes aient pu à nouveau sécher à la grange. On utilisera alors le clérié ou cliéré, instrument permettant d’écraser les fibres qui seront peignées en fibres de plus en plus fines.
Il existe aussi des meules ou moulins spéciaux servant à la fabrication du chanvre : ce sont les foulons, ou fouloirs. Au XIXe siècle, Joseph-Marie Cachat-Rosset, propriétaire d’artifices (scie, moulin, battoir) dans la rue des Moulins, déclare qu’il peut employer 5 à 8 personnes pour faire une seule pièce de drap, ou même un plus grand nombre et que cette fabrication exige 46 opérations différentes que l’on fait par 26 états successifs.
Chanvre, laine et lin (introduit dans la vallée vers 1750) seront, pendant longtemps, les seuls textiles utilisés par les montagnards.
Pour les randonneurs, la Tête du Chenavier (1 927m) se situe à l’aplomb du Chenavier sur la crête.
Pour les alpinistes, l’Aiguille Chenavier (3 799 m), compose un des sommets des Courtes, nommée ainsi par le premier ascensionniste, Emile Fontaine, au début du XXe siècle.
Bibliographie et sources :
Paul Payot : Au Royaume du Mont-Blanc
Marie Claret : le patois chamoniard
Guides Vallot 1920
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