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R… comme Recteur Payot Vos rues de A à Z

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Recteur Jules Payot (1859-1940) Son influence sur le monde de l’enseignement public est considérable, et, dans le monde rural de l’époque, il investit l’instituteur de la plus haute mission lui attribuant le rôle d’« éveilleur et guide des consciences et d’exemple des vertus civiques et morales ».

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    Les Alpes éducatrices – 1933

  • Légende photo :

    Famille de Jules Payot (enfant devant)

    Recteur Payot (1859-1940)

     Chamonix est déjà très fréquenté par la clientèle touristique lorsque naît Jules Payot d’un père tourneur sur bois et d’une mère commerçante en souvenirs.

    Dans la vallée, hôteliers, commerçants ou guides se sont rapidement ouverts sur le milieu extérieur. Il n’est donc pas surprenant qu’après des années d’enfance très heureuses dans le Chamonix du Second Empire, Jules Payot ait pu accéder aux études secondaires dispensées par collège de Bonneville, puis aux études supérieures à la faculté de Grenoble. « Le souvenir que je conserve de mon vieux et cher collège de Bonneville revient intensément dans ma mémoire …”

    À vingt ans, licence de lettres en poche, il commence sa carrière de professeur, enseignant les lettres, bien sûr, mais aussi la rhétorique et la philosophie dans différents postes : Privas, Roanne, Paris, Etampes, Dôle, Perpignan, Bastia ou Bar-le-Duc.

    En 1894, il réussit coup sur coup l’agrégation de philosophie et le doctorat es-lettres. Contre toute attente, ces titres ne le conduisent pas vers l’enseignement supérieur mais dans la haute administration de l’enseignement public. Il termine sa carrière à la tête de l’Académie d’Aix-Marseille, ces nouvelles fonctions lui permettant de faire largement valoir ses propres convictions concernant l’enseignement. Il se place dans la lignée des grands organisateurs de l’école publique de la III° République, défendant les grandes idées philosophiques nouvelles : démocratie, laïcité, volontarisme, éducation “de soi-même par soi-même”…

    Son influence sur le monde de l’enseignement public est considérable, et, dans le monde rural de l’époque, il investit l’instituteur de la plus haute mission lui attribuant le rôle d’ »éveilleur et guide des consciences et d’exemple des vertus civiques et morales« .

    “Je pense que la profession de l’instituteur de village, qui cultive son jardin et vit sagement, réunit les plus sûres conditions du bonheur. Personne ne peut avoir une influence plus profonde” écrit-il.

    Ne cessant de vanter les bienfaits de la vie à la montagne et les joies de l’hiver, il écrit : “J’ai toujours béni la chance que j’ai eue de naître à Chamonix et d’y passer mes années d’enfance. J’ai eu le bonheur d’avoir, dans une vallée saine et splendide, une enfance exquise, libre et même aventureuse. » Puis il ajoute : « Heureusement, une bienfaisante invention venue de Norvège, le ski, que mon frère, le docteur Michel Payot a introduit dans les Alpes, a transformé la vie de la vallée. »

    La révélation des Alpes n’est pas donnée : il faut la mériter. Il en est des grandes montagnes comme des œuvres maîtresses de la musique, de la littérature et de la philosophie : elles demandent une longue initiation, des efforts persévérants, un cœur humble. La sympathie pour elles et la récompense qu’est l’admiration sont refusées aux paresseux et aux philistins”.

    Les Alpes éducatrices, Mon Chamonix : extraits.

    Le ski est un admirable instrument de sport, mais il est mieux que cela. De même que la barque a libéré l’homme du fleuve et de la mer qui sont devenus, grâce à elle, ses meilleurs alliés ; de même le ski libérateur a affranchi le montagnard de la servitude de la neige. Hostile hier, la neige lui est devenue amie. Opprimé par elle, le montagnard l’a vaincue.

    …C’en est fait de la longue anémie de l’hiver. Finies les claustrations prolongées. Enfants, jeunes filles, adultes s’y mettent avec ardeur. C’est la vie en plein air. C’est l’impossibilité quand on a le sang en mouvement et les poumons gorgés d’air pur de supporter la nauséabonde atmosphère des maisons à doubles fenêtres. C’est la vie hivernale aérée et ensoleillée, au physique et au moral.

    Oui, le ski est un libérateur et il a plus d’importance pour l’avenir de la vallée que trente changements de ministères.

    La montagne moyenne qui, autrefois en hiver, était inaccessible, a perdu de sa superbe. Je me souviens de l’incrédulité des guides de Courmayeur la première fois que mon frère et le guide Ravanel le Rouge franchirent le col du Géant en hiver. Ce n’est que le lendemain, en braquant leurs lunettes sur le col et en suivant les traces tout le long du mont Fréty que, stupéfaits et débordants d’enthousiasme, ils se rendirent à l’évidence. Le Buet, le col d’Anterne, le redoutable col du Bonhomme, de si perfide réputation, ne furent qu’un jeu après la victoire sur le col du Géant. La neige des hauteurs, jusqu’alors invaincue et très dangereuse, offre des routes faciles, agréables et amusantes.

    L’hiver, dans la plaine, n’évoque que des impressions pénibles : pluie, vêtements salis, eau, pieds mouillés, brouillard, vent, rhumes, bronchites, influenza et pneumonies. Au contraire à Chamonix, l’hiver n’éveille que des idées de propreté éclatante, de blancheur et de sentiments riants. Dans mes souvenirs d’enfant je ne retrouve que fêtes et allégresse : glissades interminables, parties de luge, construction de palais en diamant, joyeuses batailles à coups de boules de neige, feux pétillants de l’âtre…