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J… comme Jacques-Balmat Vos rues de A à Z

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Jacques Balmat (1762-1834) C’est en 1762 que Jacques Balmat voit le jour, dans la maison familiale de son père Jean-François, aux Pèlerins. Comme la plupart des garçons du pays, il travaille au sein de la ferme familiale : travaux des champs, soin aux animaux, inalpage… À l’époque, la profession de guide n’existe pas. Quand ils souhaitent se faire conduire « sur les hauteurs » les visiteurs s’adressent tout naturellement aux paysans qui connaissent parfaitement leur pays pour l’avoir parcouru en tous sens : prés, forêts, torrents et autres barres rocheuses n’ont aucun secret pour eux.

L’article en images

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    Jacques Balmat : portrait

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    Maison de Jacques Balmat au lieu-dit Les Bots

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    Panneau actuel apposé sur la dernière demeure de Jacques Balmat aux Pèlerins d’en haut.

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    Au centre de Chamonix, statue de Jacques Balmat et d’Horace Benedict de Saussure – Carte postale ancienne de 1903.

    Jacques Balmat (1762-1834)

    C’est en 1762 que Jacques Balmat voit le jour, dans la maison familiale de son père Jean-François, aux Pèlerins. Comme la plupart des garçons du pays, il travaille au sein de la ferme familiale : travaux des champs, soin aux animaux, inalpage… À l’époque, la profession de guide n’existe pas. Quand ils souhaitent se faire conduire « sur les hauteurs » les visiteurs s’adressent tout naturellement aux paysans qui connaissent parfaitement leur pays pour l’avoir parcouru en tous sens : prés, forêts, torrents et autres barres rocheuses n’ont aucun secret pour eux.

    Mener les troupeaux au pâturage, monter à la « montagne » avec les vaches, en descendre avec le fromage, courir récupérer une chèvre qui s’est éloignée, faucher le foin dans les pentes raides, abattre les arbres pour se chauffer l’hiver… toutes ces tâches, réalisées au quotidien, donnent aux jeunes une musculature d’acier, un pied alerte et sûr et un sens de l’orientation aigu. Aussi n’est-il pas surprenant de voir un Jacques Balmat se lancer dans la recherche des cristaux pour améliorer l’ordinaire de la famille. Les précieux minéraux se vendent bien, tant à Genève qu’à Turin, et sont assez faciles à trouver pour qui a l’œil vif et le pied montagnard.

    Emportant dans sa besace quelques bougnettes de pommes de terre frites à l’huile de lin et une gourde d’eau coupée de vin, Jacques emprunte le sentier qui passe derrière sa maison et grimpe à vive allure jusqu’au-dessus de la forêt et des prairies, là où commence le règne minéral.

    Lorsque Horace Bénédict de Saussure propose une récompense à qui trouvera le chemin du Mont-Blanc, Jacques Balmat, comme tous les hommes du pays, est intéressé : les ressources, ici, sont tellement maigres !

    Particulièrement doué pour la montagne, il « a, dans les glaciers, un instinct qui lui fait reconnaître d’un seul coup d’œil les passages à choisir, la direction à suivre et les fentes de glace cachées sous la neige ; il est d’ailleurs d’une intrépidité que rien n’égale ; il n’aime point aller de compagnie dans ces déserts de glace ; il prétend qu’il n’est jamais plus tranquille et plus sûr de ses pas au milieu des précipices ».

    Après plusieurs tentatives, ce 7 août 1786, Jacques Balmat et Michel-Gabriel Paccard quittent la vallée. Ils emportent quelques provisions, une couverture, un thermomètre et un baromètre avec trépied ainsi qu’une boussole. À la place des piolets : des bâtons. Pas de corde, pas de lunettes, mais des chapeaux à large bord… Leur première nuit de bivouac se fera au sommet de la montagne de la Côte, à l’abri de rochers. À quatre heures du matin, ils se mettent en route, s’engageant rapidement sur le glacier jusqu’au Grand Plateau. La neige fraîchement tombée et ramollie par le soleil les gêne considérablement, ralentissant leur marche. Jusqu’au sommet, ils vont s’entraider, marchant alternativement en tête, pour faire la trace, péniblement.

    De Chamonix, on les observe à la longue vue : « Le huitième août 1786, nous avons vu avec nos lunettes d’approche ce spectacle : Michel-Gabriel Paccard, docteur en médecine, dudit Chamonix est parvenu avec Jacques Balmat, son guide, sur le sommet du Mont-Blanc vers les 6 heures 23 minutes du soir (…) sur lequel mont ils sont restés une demie-heure 4 minutes, ayant commencé à descendre sur les 6 heures 57 minutes… »

    Après cet exploit, Jacques Balmat sera largement récompensé : outre la somme promise par de Saussure, une couronne neuve du baron Gersdorff et une partie de la souscription recueillie par Bourrit. Mais sa plus grande récompense consistera en une libéralité que lui consent le Roi de Sardaigne : l’autorisation d’ajouter à son nom a mention « dit Mont-Blanc ». Au tableau d’honneur, une nomination de percepteur à vie de l’arrondissement de Chamonix.

    Malgré ces récompenses et salaires bien mérités, Jacques Balmat ne s’enrichit pas vraiment. Pendant quelques années, profitant de sa réputation, il exerce le métier de guide, accompagnant plusieurs caravanes au Mont-Blanc. En 1813, dans une note relatant une ascension à l’Aiguille du Midi, on cite que « Couttet déclara qu’il ne s’embarquerait point dans une pareille entreprise à moins que nous n’eussions avec nous le premier de tous les guides, Balmat-Mont-Blanc, aucun autre ne lui parut capable de le remplacer ».

    Mais il a gardé sa passion pour les cristaux, laquelle d’ailleurs, se transforme en passion pour l’or. Il prospecte toutes les mines de la région, obtenant de maigres résultats. Pourtant, âgé de 72 ans, il se lance dans une dernière quête, du côté du Mont Ruan. On lui a assuré qu’il y trouverait un filon d’or. Il ne reviendra jamais de cette ultime aventure.