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Georges Couttet, du Lavancher

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Hôtelier, gardien de refuge, guide et paysan (d’après une note autobiographique)

Né en 1888 au Lavancher, Georges Couttet connaît le début de la grande lignée des hôteliers du pays. Mais sa vie, qu’il raconte lui-même dans quelques pages manuscrites, s’emplit de multiples autres facettes, inimaginables de prime abord.

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    Georges Couttet aux foins

  • Légende photo :

    Hôtel Beau Soleil du Lavancher

  • Légende photo :

    Hôtel Beau Soleil et les Aiguilles de Chamonix

  • Légende photo :

    Les skieurs à l’arrivée de la Vallée Blanche par le Chapeau

    Certificat d’études en poche, Georges vient tout juste de fêter son 13e anniversaire qu’il doit se mettre au travail : la ferme a besoin de bras. Son père, cultivateur, exerce par ailleurs, pendant les longs mois d’hiver, le métier de forgeron pour réparer les outils agricoles.

    Il est aussi guide de montagne et cristallier.

    Nous partions à la pointe du jour à la recherche de fours à cristaux, armés de cordes, piolets, crampons, marteaux, barres de mineurs, etc. Il nous arrivait parfois d’emporter du bois pour faire du feu dans les fours afin de faire fondre la glace pour dégager des cristaux. La recherche des fours exigeait une certaine connaissance de la montagne car il fallait suivre les filons avec des charges de cristaux de vingt-cinq à trente kilos pour mon père et de quinze à vingt kilos pour moi.

    En hiver, Georges s’initie au ski, et surtout au saut à ski, ainsi que le veut l’époque. Il commence vers l’âge de dix ans, se choisissant comme modèle un professeur norvégien : Hansen. Ses « planches », taillées par son père dans un tronc de mélèze dont le bout est légèrement recourbé, sont tout de même équipées de fixations « Huitfeld ». Je commençais mes premières compétitions de saut à ski à seize ans (…). Nos skis en frêne à une rainure étaient trop légers. Les tremplins rudimentaires n’épousaient pas la pente et nous projetaient en l’air. Malgré cela, nos sauts atteignaient trente-cinq à quarante mètres de longueur !

    Service militaire accompli, le jeune Georges rentre au village. Son père a fait bâtir l’Hôtel Beau Séjour dont les alpinistes anglais et allemands composent l’essentiel de la clientèle. Ce petit établissement accueille une vingtaine de personnes et fonctionne, comme beaucoup de petites auberges dans la vallée, de manière familiale. Le père, guide, accompagne les clients en montagne, tandis que la mère est aux fourneaux. Enfants, cousins, neveux et nièces complètent, selon le besoin, le « staff » de l’hôtel ou apportent leur aide aux fenaisons et moissons.

    Très vite, on se rend compte que les métiers touristiques rapportent davantage que l’agriculture. « Faire » le guide et accompagner les visiteurs en montagne, les accueillir dans les hôtels ou les refuges… sont de bons métiers pour les jeunes. Pour acquérir davantage d’atouts, Georges décide de se rendre en Angleterre et en Allemagne pour apprendre les langues.

    À Londres, ne voulant pas être à la charge de mes parents, je trouve enfin une place comme garçon courrier dans un hôtel d’officiers aviateurs. Mon travail consistait à servir à table. Au bout de trois mois, je commençais à me débrouiller pas mal dans la langue anglaise.

    Deux ans plus tard, Georges parle couramment l’anglais et l’allemand. Mais sa carrière d’hôtelier est mise en sommeil car nous sommes en 1914, et la guerre mobilise tous les jeunes gens. Personnellement, nous, les « troufions », étions persuadés d’une prompte victoire. Hélas, il fallut déchanter !

    Six évasions et quatre longues années lui seront nécessaires pour sortir enfin de cet enfer. Aimé et James, deux de ses frères, n’en reviendront pas et son père sera victime de la terrible grippe espagnole qui a, dit-on, décimé la population autant que la guerre. Ce fut, pour moi, le coup le plus dur de ma vie, d’apprendre de telles nouvelles après plus de quatre ans d’absence.

    Promu, malgré lui, chef de famille, Georges se retrouve au village.

    Il passera le diplôme de guide et sera choisi pour accompagner en montagne des permissionnaires américains. Une belle carrière de guide l’attend.

    À tous ces métiers, Georges ajoutera celui de gardien de refuge pour les Grands Mulets. Naturellement, pour obtenir ce gardiennage, il fallait obtenir le diplôme de guide et avoir certaines connaissances médicales, surtout en ce qui concerne les soins à apporter aux blessés éventuels (médicaments, pansements, etc.). La vie au refuge par mauvais temps, au point de vue distractions, se composait en jeux de cartes, phono, danse…