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Marie-Louise Jaÿ. De Samoëns à Paris

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Qui aurait pu prévoir un tel destin pour Marie-Louise ?

Née en 1838 au sein d’une fratrie de huit enfants dans le hameau de Villard sur Samoëns, le sort la destinait davantage au métier de chevrière qu’à celui que femme d’entreprise parisienne.

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    Marie-Louise Jaÿ, jeune fille

  • Légende photo :

    La Samaritaine vers 1950

  • Légende photo :

    Grande fresque art déco au dernier étage de la Samaritaine à Paris récemment restaurée

  • Légende photo :

    Depuis le dernier étage, la grande verrière de la Samaritaine restaurée

  • Légende photo :

    Grand escalier art déco menant aux étages supérieurs

  • Légende photo :

    Détail du grand escalier monumental

    Qui aurait pu prévoir un tel destin pour Marie-Louise ?

    Née en 1838 au sein d’une fratrie de huit enfants dans le hameau de Villard sur Samoëns, le sort la destinait davantage au métier de chevrière qu’à celui que femme d’entreprise parisienne.

    Mais à la maison, les revenus de la ferme ne suffisent pas à nourrir la famille trop nombreuse et Marie-Louise, âgée d’à peine 16 ans, doit monter à Paris pour se placer et soulager ainsi ses parents de frais importants. Bien que très jeune, elle arrive assez vite à se faire employer comme vendeuse au magasin La Nouvelle Héloïse où elle rencontre son futur mari Ernest Cognacq, originaire de l’île de Ré. Homme entreprenant, ce dernier a le goût du commerce, ce qui lui permettra (avec Marie-Louise devenue son épouse) de fonder sa propre boutique baptisée La Samaritaine. Cette appellation n’est pas choisie au hasard ; elle correspond au nom donné à une pompe distribuant l’eau dans tout le quartier du Louvre. L’approche biblique du nom n’est pas étrangère non plus à ce choix : la distribution de l’eau, l’accès de chacun à l’élément vital : quel symbole !

    La Savoyarde et le Charentais, s’ils s’unissent pour leur vie intime le 17 janvier 1872, s’unissent également pour la vie de leur entreprise : ils vont s’y consacrer à plein temps, travaillant d’arrache-pied jusqu’à 14 ou 15 heures par jour. L’ascension de leur petite boutique est prodigieuse. Ils inventent et concrétisent un slogan qui déterminera l’avenir de leur marque pendant plus d’un siècle : On trouve de tout à la Samaritaine ! Et, de fait, un deuxième immeuble, puis un troisième et un quatrième sont rattachés au grand magasin initial, si bien que la clientèle y trouve, effectivement, de tout. En 1925, la Samaritaine fait déjà travailler plus de 8 000 employés et l’on n’oublie pas la vente par correspondance qui trouve une place d’honneur au sein de ce gigantesque commerce.

    Malgré cette réussite fulgurante, rien ne sera plus cher au cœur de Marie-Louise que la bienfaisance auprès des petites gens. En 1914, la moitié du capital du commerce est cédé aux employés qui touchent, en outre, 65 % des bénéfices chaque année. Avec son mari, tous deux n’oublieront pas la misère dans laquelle ils ont vécue lorsqu’ils étaient enfants et créent la Fondation Cognacq-Jaÿ permettant de financer des œuvres sociales. Grâce à eux, la commune de Monnetier-Mornex (près de Genève/Annemasse) abrite deux formes d’accueil médicalisé, l’un pour adultes et l’autre pour enfants…

    Enfin, le fantôme de Marie-Louise Jaÿ continue et continuera longtemps, espérons-le, de planer sur la commune de Samoëns et son jardin extraordinaire : la Jaÿsinia, où sont regroupées, dans un fabuleux mais très ordonné méli-mélo de tous les continents, plus de 5 000 espèces de plantes alpestres du monde.

    https://www.samoens.com/jardin-botanique-alpin-la-jaysinia/

    Quant à la Samaritaine, aujourd’hui restaurée après plusieurs années de fermeture, c’est un joyau d’art nouveau et d’art déco habilement valorisés. L’enseigne reste celle d’un magasin, où, comme autrefois, on ne paie que ce que l’on achète. Mais quel spectacle !

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