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Le Pont St Martin à Sallanches

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Souvent représenté par les voyageurs du XIXe siècle, le pont Saint-Martin révèle aussi l’attachement des touristes pour ce petit village où, généralement, on découvrait le massif du Mont-Blanc dans toute sa splendeur et où s’organisait le changement de voiture. Les passagers passaient alors de la confortable diligence au rustique char-à-banc avant de poursuivre la route vers le Lac de Chedde, le pont Pelissier, lesMontées et Chamonix.

  • Légende photo :

    Plan du pont élaboré en 1778 par les architectes sardes

  • Légende photo :

    Le pont St Martin au XVIIIe siècle

  • Légende photo :

    Pont Saint-Martin avant sa dernière restauration.

  • Légende photo :

    Inscription gravée sur le socle de la croix

  • Légende photo :

    Croix en ombre chinoise sur les nuages

  • Légende photo :

    Pont-Saint-Martin et l’Arve au printemps

    On pourrait dire du pont Saint-Martin, bien que situé dans une contrée si sauvage, qu’il est un des plus fréquentés d’Europe. C’est le rendez-vous des voyageurs qui, avant de contempler le Mont-Blanc à sa base, y viennent étudier de loin sa forme générale et les détails de cette montagne colossale. (Raoul Rochette – Voyage autour du Mont-Blanc, 1826).

    Mentionné dès 1225, son existence est sans doute antérieure, point de passage obligé entre Genève et le Haut Faucigny. Effectivement, indispensable aux voyageurs se rendant en val Montjoie ou en val d’Arly, l’existence d’un pont à cet endroit est attesté dès le Moyen-Âge et fera l’objet, au fil des années, de multiples accords, comme ceux passés entre les châtelains de Sallanches et de Charousse en 1382 ou celui, en 1577, émanant d’un arrêt du Sénat de Savoie qui déterminait les conditions de son entretien.

    Pourtant, malgré ces précautions, les crues régulièrement torrentielles de l’Arve ont eu raison à maintes reprises des différentes constructions de bois. En 1778, un débordement particulièrement sévère emporte les piles fragiles et le pont s’effondre. Les ingénieurs sardes décident alors de construire un pont de pierre et en dessinent les plans lesquels sont adoptés trois ans plus tard. Le chantier est rapidement confié à Joseph et Antoine Simond, entrepreneurs à Cluses, forts de leur expérience au cours de la construction du Pont-Vieux de ce bourg. Placés en bonnes mains, les travaux commencent dès 1783.

    Aujourd’hui plus que bicentenaire, la belle arche de pierre du pont Saint-Martin a résisté aux outrages du temps tout autant qu’aux assauts fougueux de la rivière. Les bâtisseurs l’avaient surmontée d’une croix portant leur signature : « Petrus Simond 1783 » qui, heureusement, a été retirée lors des années tourmentées de la Révolution. Selon Paul Payot, une légende parle d’une deuxième croix, provenant d’un pont plus ancien en marbre noir qui serait ensevelie dans le sable du cours d’eau…

    Tout près du pont, la petite chapelle, aujourd’hui restaurée, a fait l’objet d’affectations diverses – entrepôts de toutes sortes. Elle témoigne pourtant d’un passé douloureux, lieu d’une ancienne maladièrelépreux et pestiférés auraient été reclus jusque vers 1623.

    Face au Mont-Blanc, le pont Saint-Martin a inspiré, au cours de ses deux siècles et demi d’existence, un nombre incalculable de peintres, dessinateurs et graveurs – sans compter les photographes modernes – qui ont composé là leurs plus fameuses images, mariant les lignes techniques de l’architecture de pierre à celles naturelles des neiges éternelles.

    Classé aux Monuments Historiques depuis 1934.

    Sources : Expo réalisée par le CAUE au musée de l’horlogerie de Cluses (septembre 2022)

    Paul Payot : Au royaume du Mont-Blanc (édition Denoël 1978)