Skip to main content

Bambi à Merlet

| ,

Merlet ne serait pas Merlet sans l’histoire de Bambi. Jeune femelle chamois, élevée probablement au biberon par un forestier, elle entre sans crainte, un beau jour, dans la maison de René Cachat aux Bossons. Le petit animal ne redoute pas l’homme, élit domicile sur le divan de la famille et n’hésite pas à sauter sur la banquette du véhicule qui démarre pour Merlet.

L’article en images

  • Légende photo :

    1958 La chapelle de Merlet

  • Légende photo :

    René Cachat face à face avec un bouquetin

  • Légende photo :

    Philippe Cachat

  • Légende photo :

    1948 La jeep nécessaire au transport des matériaux

  • Légende photo :

    1970 Les prémices du futur parc de Merlet

    Quand Frédéric Im Hoff (industriel parisien amoureux de Merlet) meurt, en 1939, l’essentiel du gigantesque travail qu’il avait entrepris à Merlet est terminé : achat des terrains, réparation des anciennes maisons, transformation du vieux village en une agréable villégiature d’été où il fait bon se reposer. Sa veuve Pauline du Fayel continue vaillamment, et pendant quelques années encore après la guerre, l’œuvre de son mari puis, en 1947, se résoud à la vente. Ce sera un viager consenti (pour elle-même et sa sœur Marie-Thérèse du Fayel) à René Cachat, menuisier-charpentier avec qui elle a beaucoup travaillé et qui est devenu un ami. « En choisissant Monsieur René Cachat, de vieille et honorable famille savoyarde, elle espère que le domaine restera de père en fils entre bonnes mains savoyardes. »

    Outre les règles du viager, la transaction s’assortit d’une autre promesse, d’ordre spirituel, de la part de l’acheteur : construire une chapelle.

    Aussi, dès 1948, René Cachat se met-il en œuvre pour construire un petit édifice religieux. Sa jeep lui sert à acheminer les matériaux, poutres, solives et parois de bois qu’il a débités aux Bossons, dans son atelier. Ce travailleur acharné sait tout faire. Il coule les piliers de béton qui servent d’assise à la bâtisse et monte pièce après pièce, clocher compris, les éléments de la chapelle, rustique mais bien proportionnée. Dédiée à Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, une première messe y est célébrée le 1er septembre 1949 par l’abbé Delassiat, curé des Houches.

    Grâce à la générosité de Madame Im Hoff, l’intérieur de la chapelle sera joliment décoré. On note, notamment un tableau remarquable, œuvre du célèbre marquetteur Paul Spindler, représentant le Chemin de Croix de Sainte-Odile.

    Merlet ne serait pas Merlet sans l’histoire de Bambi. Jeune femelle chamois, élevée probablement au biberon par un forestier, elle entre sans crainte, un beau jour, dans la maison de René Cachat aux Bossons. Le petit animal ne redoute pas l’homme, élit domicile sur le divan de la famille et n’hésite pas à sauter sur la banquette du véhicule qui démarre pour Merlet. C’est une vraie révélation pour René Cachat qui décide de créer un parc animalier avec son fils Philippe lequel, en 1967, construit la clôture cernant les vingt hectares du parc. « Un truc de fou » déclare sa fille, admirative : sur un kilomètre et demi, Philippe Cachat creuse une tranchée de plus d’un mètre de profondeur à l’intérieur de laquelle il coule le béton, solide socle pour le grillage de trois mètres cinquante de hauteur. Un chroniqueur de l’époque écrira : « Le grillage qui les entoure, les animaux ne s’en plaignent pas car il leur assure une protection en toutes saisons contre l’homme armé de son fusil. On n’a jamais entendu un coup de feu autour du parc. »

    « Lionel et les animaux de la montagne » : édité en 1974 chez Fernand-Nathan, ce petit livre pour enfants est l’œuvre de René Bonnardel. S’inspirant de l’histoire de Bambi à Merlet, l’auteur a imaginé comment un petit garçon pouvait découvrir les animaux de la montagne, les sauvages comme les marmottes et les chamois, mais aussi les domestiques, comme les troupeaux à l’alpage.

    Lorsqu’enfin les Cachat s’installent à Merlet, il y manque un équipement que promettaient les premiers prospectus des années 1930 : une route. Effectivement on pouvait lire qu’il était « fort probable qu’une fois Merlet connu, les générations nouvelles verraient les automobiles du monde entier accéder – pour la première fois d’aussi près – à ce spectacle grandiose, des levers et couchers de soleil extraordinaires vus d’un point de vue unique au monde, Merlet« . Depuis Coupeau, seul un chemin jeepable permet d’accéder au domaine. C’est Philippe qui va se charger de ce travail colossal : tracer un itinéraire assez large à travers forêts et broussailles, à la limite du ravin du Nant de Lappaz.

    C’est également lui qui aménagera un altiport sur cette large prairie ouverte au-dessus de Merlet-Devant. Nous sommes dans les années 1970, l’aviation de montagne est en plein essor. Pilote lui-même, passionné, il possède un Rallye et un Jodel Mousquetaires 3.

    Extraits du livre « Les alpages de la vallée de Chamonix » écrit avec l’aimable participation de Claire Cachat.