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Au Plan de l’Aiguille, la fratrie Claret-Tournier

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En 1974, Joseph Claret-Tournier, guide, et son épouse cèdent la place. Mais le refuge du Plan de l’Aiguille reste dans la famille avec leurs enfants : Jean et Renée ainsi que Jacky Duc, le mari de Renée. Ils s’installent dans les locaux dans l’état où ils se trouvent et s’engagent à le maintenir en bon état d’entretien, comme le stipule le contrat signé avec les Consorts de la Montagne : « Les preneurs s’obligent à exploiter ce fonds en bons pères de famille et s’engagent à entretenir le chemin d’accès comme pratiqué par le passé. »

L’article en images

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    Jeannot, guide de haute montagne et affecté à la buvette, prend le temps de scruter les voies d’escalade dans les faces nord et surveiller les cordées qui pourraient être en difficulté.

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    Renée auprès des clients en terrasse

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    Jacky est responsable du déchargement des denrées acheminées depuis la vallée par plateau monte-charge jusqu’à la plate-forme construite à hauteur du refuge.

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    Le coup de feu en cuisine

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    Le refuge en 1972

    Une liste inventorie le mobilier, bien pauvre, même si les bat-flancs et leur paillasse, considérés comme immobiliers, ne sont pas listés : 3 lits en fer 1 place, 1 lit en fer 2 places, 6 sommiers-divans, 9 matelas laine et crin, 2 buffets de cuisine, 1 armoire de bois, 2 tabourets de bois à 4 pieds, 2 bancs de bois à bouts arrondis sans dossier, 3 tables bois 80 x 100 environ, 2 tables bois 90 x 220, 8 tables de nuit, 1 fourneau à bois et charbon, pas de vaisselle, pas de batterie de cuisine, pas de couverture…

    La saison commence à la mi-juin et se termine, selon la météo et les conditions de montagne, à la fin septembre. Dorénavant, le refuge est équipé d’un radio-téléphone permettant de dialoguer directement avec le PSHM (Peloton Spécialisé de Haute-Montagne) (ex PGHM) en cas d’accident en montagne.

    La clientèle fréquente volontiers ce sympathique refuge. S’il est vrai que de nombreuses courses sont réalisées grâce à l’horaire de la première benne du téléphérique, programmée à six heures du matin, d’autres exigent un départ encore plus matinal et es guides viennent avec plaisir, reçus en collègues et amis par les gardiens. Au refuge, il est d’usage de donner un coup de main pendant le « coup de feu » du repas du soir. On débarrasse la table et on aide à la vaisselle. Au petit matin, en revanche, pas de temps à perdre : « L’éperon Frendo, c’était infernal le matin, car tout le monde voulait être en premier dans la voie à cause des chutes de pierres. »

    Pour l’approvisionnement, on continue d’utiliser le très pratique plateau de la ligne de service. Le petit débarcadère, en contrebas du refuge, permet de réceptionner les colis facilement et ce service est concédé gratuitement par la nouvelle société, la STMB (Société des Téléphériques du Mont-Blanc).

    L’eau reste un problème difficile. « Il n’y a pas d’eau, c’est sur une bosse. »  À l’arrière du chalet, est enterrée une cuve de récupération de l’eau de fonte des neiges, utilisée pour la vaisselle. Une citerne, autrefois remplie par un tuyau d’amenée d’eau, stocke maintenant l’eau de pluie. « La canalisation venait d’un névé du Peigne, un peu plus haut. Mais cette eau n’est pas bonne à boire, il vaut mieux pas. Non elle va pour la vaisselle. Nous on avait une citerne pour récupérer l’eau du toit, pour la vaisselle. Mais on ne pouvait pas la boire. Ça faisait toujours des problèmes quand on disait aux gens qu’on n’avait pas d’eau à boire. On ne pouvait pas leur donner l’eau du toit. « 

    Au refuge, de notables améliorations sont réalisées par les gardiens, pour un quotidien plus confortable. Parmi les travaux importants, on se souvient particulièrement de ceux qui ont été envisagés pour couler la dalle de béton de la cuisine. On s’aperçoit très vite qu’il ne sera pas possible de transporter à la main ces énormes quantités de ciment, sable et de gravier livrés au débarcadère. La solution : faire monter un petit tracteur sur place. Ce sera chose faite avec celui de Jean, arrimé par des cordes sous la benne du téléphérique et hissé ainsi jusqu’au Plan. En 1980, est installé l’éclairage au gaz dans la cuisine et la salle à manger. Un formidable progrès pour le travail quotidien des gardiens.

    La même année, le téléphérique est fermé au public, des travaux de réfection de la ligne étant nécessaires. Vingt-six ouvriers et leurs deux patrons s’installent au refuge. C’est un séjour difficile pour eux comme pour les gardiens :  » Le gaz gelait, c’était difficile de cuisiner. Le refuge n’est pas isolé, il y avait du givre sur les couvertures. »

    Le 12 octobre 1987, une violente tempête de vent souffle le toit du refuge. Le rapport d’expertise de l’assurance décrit le phénomène : « Une violente tempête a sévi sur toute la vallée de Chamonix causant de nombreux dégâts tant aux bâtiments qu’aux forêts. Au cours de cette tempête, un versant de la toiture en tôle ondulée du bâtiment à usage de refuge pour les alpinistes (2 dortoirs et 5 chambres) a été arraché, et la charpente soulevée et désolidarisée de la maçonnerie du bâtiment a également été endommagée. » Le coût des réparations est élevé : 63 000 Francs répartis en travaux de zinguerie, charpente-menuiserie et maçonnerie. D’autres travaux d’entretien suivront, comme la reconstruction du débarcadère ou celle d’un chalet à usage de toilettes sèches.

     

    « Blaitière, un alpage et un refuge à Chamonix » édité en 2013 par les Consorts de Blaitière.