Skip to main content

La grotte du glacier des Bossons

,
| ,

C’est vers 1865 qu’est taillée la première grotte de glace aux Bossons. Donner un peu de rêve à tous ceux qui ne peuvent pas vivre les frissons de la traversée, leur permettre de contempler – en toute sécurité – les profondeurs des entrailles du glacier : on a de bonnes raisons de creuser une grotte artificielle qui puisse être visitée par tous.

L’article en images

  • Légende photo :

    Entrée de la grotte surplombée par l’aiguille du Midi

  • Légende photo :

    1906 Une échelle permet l’accès à l’entrée de la grotte pour les deux guides et la chaise à porteurs.

  • Légende photo :

    1911 La grotte vue depuis l’intérieur

  • Légende photo :

    L’entrée de la grotte d’où l’on distingue le chalet et le sentier

  • Légende photo :

    1903 Paul Cachat, tenancier du chalet, et ses clients devant l’entrée de la grotte

    Dans un premier temps, l’emplacement devra faire l’objet d’un choix bien réfléchi. En effet, il doit se trouver à proximité du bord du glacier. Mais la cavité, hauteur d’homme, doit être assez profonde : cette profondeur seule permettra au visiteur de jouir des plus belles teintes, et d’admirer les plus beaux camaïeux de bleu, depuis les blancs azurés de la surface jusqu’aux verts sombres des glaces les plus dures.

    Aujourd’hui, le recul des glaces rend impossible le creusement de la grotte au sein du glacier, tel qu’il s’est pratiqué pendant presque 150 ans.

    Titulaire de la concession communale pendant plusieurs générations, la famille de Christian Mollier a su, année après année, acquérir un véritable savoir-faire quant aux techniques permettant de travailler la glace pour creuser efficacement et quant aux règles à respecter pour que la grotte reste ouverte au public en toute sécurité pendant l’ensemble de la saison d’été.

    « Plusieurs techniques ont été utilisées pour creuser la glace. Aucune ne donne pleinement satisfaction. L’utilisation de mines fend la glace mais ne dégage pas de morceaux. La projection d’eau chaude exige une grande quantité d’énergie, etc… Aux Bossons, comme à la Mer de Glace, nous utilisons simplement des pioches à glace forgées par un artisan local. Elles peuvent être à pic double ou simple. Les premières, plus lourdes et plus efficaces sont aussi plus dangereuses pour le piocheur qui peut glisser et s’embrocher sur l’extrémité libre. Les bouts des pics doivent être aussi effilés qu’une aiguille, tout l’art du forgeron étant d’obtenir un métal pas trop dur, risquant de se casser rapidement, ni trop mou, se tordant au moindre choc. L’expérience du creusement permettra, au bout de quelques années, de trouver en fonction de la texture de la glace le geste juste qui fera éclater, d’un seul coup de pioche, le maximum de matière avec le minimum de fatigue.

    L’endroit choisi devra donc emprunter un « banc » épais, assez éloigné des crevasses qui, dans cette région, se recourbent horizontalement à partir de 7 à 8 mètres de profondeur, pouvant ainsi couper la grotte en tranches horizontales.

    Le travail se fait par équipes de quatre : deux piocheurs et deux pelleteurs se relayant. La glace piochée augmente beaucoup de volume : elle est chargée dans une glisse d’une capacité de 1 m3 puis évacuée à l’extérieur où elle va durcir rapidement, les blocs se ressoudant entre eux en quelques heures. Une bonne équipe peut creuser jusqu’à 6 mètres de tunnel par jour.

    Il n’y a pas de danger objectif majeur pour le piocheur. Parfois, la pointe de l’outil perce une poche d’eau, projetant sur le travailleur un jet glacé. Certaines poches repérables à leur couleur vert foncé s’étalent sur plusieurs mètres de long et dépassent un mètre de largeur. L’eau emprisonnée ne gèle pas entièrement à cause de la pression exercée par la glace. La pioche atteint fréquemment des poches d’air sous pression provoquant de violentes explosions qui, malgré l’habitude, surprennent toujours par leur soudaineté et leur ampleur. L’usage des gants est indispensable contre les éclats de glace mais surtout contre le pouvoir corrosif de l’eau qui a la curieuse propriété d’empêcher toute cicatrisation des plaies. Il faut parfois attendre l’après-saison d’été pour soigner les mains écorchées. »