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Désorganisation et premières victimes 1914

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Dans la vallée, tout est désorganisé, à commencer par les mairies vidées de leurs conseillers municipaux.

À Vallorcine, le maire, Louis Félix Claret, télégraphie au préfet « Dois-je partir comme me l’indique mon fascicule de mobilisation immédiatement et sans délai ? » La réponse arrive, abrupte : « Serez remplacé dans fonctions par adjoint et à défaut par premier conseiller inscrit au tableau non mobilisé. »

À Servoz, le maire J. Bouchard assure ses fonctions au mieux, confirmant par courrier à la préfecture que « les habitants de Servoz ont été informés par le placard d’une affiche ».

Aux Houches, la moitié du conseil municipal est mobilisée y compris le maire, Joseph Désailloud, remplacé par son adjoint Joseph Félisaz, qui « remplit alors ses fonctions avec beaucoup de dévouement. L’instituteur, ancien secrétaire de mairie, le met immédiatement au courant des services qu’il ne connaît pas, n’ayant jamais exercé les fonctions municipales ».

À Chamonix, le maire Jules Bossonney se retrouve, le 26 octobre 1914, devant une assemblée municipale réduite de plus de la moitié. Il déplore la gravité de la situation, mais laisse entendre que celle-ci est provisoire et que l’on reviendra bien vite à la normale. Après avoir ouvert la séance, il « explique que la plupart des membres du conseil municipal ayant été appelés sous les drapeaux dès les premiers jours de la mobilisation, les décisions que les conseillers municipaux seront appelés à prendre devront être dès que possible ratifiés par délibération régulière. »

 

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    1914 Liste des réformes

  • Légende photo :

    7e Bataillon Chasseurs Alpins

  • Légende photo :

    Classe 1912 Vallorcine

    La désorganisation dans la vallée

    Dans la vallée, tout est désorganisé, à commencer par les mairies vidées de leurs conseillers municipaux.

    À Vallorcine, le maire, Louis Félix Claret, télégraphie au préfet « Dois-je partir comme me l’indique mon fascicule de mobilisation immédiatement et sans délai ? » La réponse arrive, abrupte : « Serez remplacé dans fonctions par adjoint et à défaut par premier conseiller inscrit au tableau non mobilisé. »

    À Servoz, le maire J. Bouchard assure ses fonctions au mieux, confirmant par courrier à la préfecture que « les habitants de Servoz ont été informés par le placard d’une affiche ».

    Aux Houches, la moitié du conseil municipal est mobilisée y compris le maire, Joseph Désailloud, remplacé par son adjoint Joseph Félisaz, qui « remplit alors ses fonctions avec beaucoup de dévouement. L’instituteur, ancien secrétaire de mairie, le met immédiatement au courant des services qu’il ne connaît pas, n’ayant jamais exercé les fonctions municipales ».

    À Chamonix, le maire Jules Bossonney se retrouve, le 26 octobre 1914, devant une assemblée municipale réduite de plus de la moitié. Il déplore la gravité de la situation, mais laisse entendre que celle-ci est provisoire et que l’on reviendra bien vite à la normale. Après avoir ouvert la séance, il « explique que la plupart des membres du conseil municipal ayant été appelés sous les drapeaux dès les premiers jours de la mobilisation, les décisions que les conseillers municipaux seront appelés à prendre devront être dès que possible ratifiés par délibération régulière. »

    La saison touristique, évidemment, est abrégée. Français ou étrangers, les visiteurs quittent la vallée rapidement. Les hôtels ferment leur porte, le casino municipal de Chamonix est laissé à l’abandon avec sa charpente effondrée que nul ne songe à réparer. Les travaux de construction du Tramway du Mont-Blanc, interrompus aux Rognes, ne reprendront pas. Le Majestic Palace peine à poursuivre les travaux.

    Comme partout, les habitants se serrent les coudes, se disant que ce ne sera pas si long, et que bientôt on en aura fini avec les « Boches ». L’entraide fonctionne bien pour la fin des fenaisons et pour les moissons. Aux Houches, la municipalité appelle à la solidarité pour les familles des mobilisés. La récolte des pommes de terre posera plus de problèmes, la météo très défavorable a favorisé le mildiou. Le 20 octobre, à la demande de 137 familles dans le besoin, la mairie de Chamonix décide d’acheter « 30 000 kilos de pommes de terre au prix de 9 francs 50 les 100 kilos à M. Nadet à Ygrande (Allier) ».

    Les finances communales commencent à souffrir également. À Chamonix, Jules Bossonney rappelle que « du fait de l’état de guerre actuel, les revenus de la commune constitués presque exclusivement par le produit de la location des chalets communaux se trouveront pour l’exercice en cours considérablement diminués, tant par suite des réductions importantes qui ont dû être consenties aux locataires que des délais qui leur ont été accordés : la situation financière de l’exercice actuel se soldera par un déficit ». En effet, de nombreuses demandes ont été faites, « la guerre ayant complètement supprimé les ressources de l’industrie du tourisme dans la vallée, les redevables étant dans l’impossibilité de s’acquitter envers la commune ». Les loyers, payables en fin de saison, sont réduits d’un tiers.

    – Chalets de Pierre Pointue et des Grands Mulets (Devouassoux Luc Armand et consorts)

    de 3 050 passée à 2 033,34

    – Montenvers (Simond Alfred) de 26 400 passée à 17 600

    – Chapeau (Tissay Joseph) de 4 800 passée à 3 200

    – Caillet (Claret-Tournier Jules) de 1160 passée à 773,34

    – Bossons (Simond Michel et consorts) de 17 700 passée à 11 800

    – Brévent-Bel Achat (Gros François) de 4 120 passée à 2 746,67

    – Magasin Broglio Félix de 400 passée à 266,67

    Location de parcelles de terrain pour buvettes à

    – Simond Henri Argentière de 40 passée à 26,67

    – Claret-Tournier Paul (Bois) de 50 passée à 33,34

    – Felisaz Paul (Les Praz) de 60 passée à 40

    L’hécatombe des premiers combats

    Les premiers mobilisés sont à peine partis que l’heure du deuxième départ a sonné, puis le troisième, puis le quatrième… Ambroise Couttet note : « Départ de la classe des 20 ans le 21 août. Révision de la classe des 19 ans et de tous les réformés (160 au canton) de toutes les classes jusqu’à 48 ans le 15 octobre. Presque tous ceux de 19 ans sont bons pour le service ; sur 160 réformés 45 sont reconnus bons, à ce que j’ai entendu dire. »

    Plus de 20 000 soldats savoyards partent en août et septembre en direction de la trouée de Belfort et des Vosges. Appartenant au 11e Bataillon de Chasseurs Alpins et au 30e Régiment d’Infanterie, ils ont pour objectif l’Alsace. De la vallée de Chamonix, ils s’appellent Alfred Ancey, Alfred Ancey (2), Camille Joseph Ancey, Paul Ancey, Charles, Edouard Andre, François Balmat, Joseph René Balmat, Auguste Bellin, Louis Antoine Bellin, Georges Alphonse Blondaz-Gerard, Gaston Bossonney, Jean Gaston Bozon, Jules Edouard Bozon, Isaï Burnet, Jean Léon Burnet, Armand Antoine Chamel, Joseph Charlet, Robert Edouard Claret, Jules Joseph Comte, John Aimé Couttet, Jules Couttet, Léon Clément Couttet, Abel Aristide Désailloud, Jules Henri Désailloud, Michel Ferdinand Désailloud, Paul Désailloud, Julien Fernand Deschamps, Edouard Devillaz, Jean Alfred Ducroz, Marius Joseph Léon Duffet, Paul Edouard Felisaz, Antoine Edouard Gattini, Léon Armand Gillier, François Robert Jacquet, Denys Mermoud, Georges Henri Monard, Henri Fridolin Passet, Emile François Payot, Joseph Alfred Payraud, Arthur Ravanel, Jules Schmidt, François Joseph Alfred Simond, Jean Armand Simond, Léon Edouard Simond, Roger Paul Simond, Joseph François Thovex, Arthur Claude Viollet, Antoine Vouilloz : Ce sera l’hécatombe de St Dié, une cinquantaine de poilus perdront la vie au cours de ces combats dans les Vosges. Paul Ancey de Vallorcine sera le premier de la liste, porté disparu le 27 août, la guerre à peine commencée.

    Texte de Joëlle Dartigue-Paccalet extrait du livre « La Vallée de Chamonix et la Grande Guerre » (collaboration : Monique Pellissier et Bernadette Bochatay) édité par la CCVCMB – 2018