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Les tailleurs de granit

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Pierre noble, le granit est un des composants géologiques majeurs du massif du Mont-Blanc. Il n’est donc pas surprenant que les habitants l’aient utilisé pour leurs constructions. Par contre, à l’opposé du tuf, c’est une pierre très dure et dont la taille exige un savoir-faire tout particulier. Trouver les plans de clivage, poser des coins de bois, fendre le bloc… le sentier des graniteurs nous permet d’entrevoir et de comprendre ce fabuleux travail. Il nous permet de mieux appréhender cet art d’un autre temps, présent dans tout le Pays du Mont-Blanc par les piliers, linteaux de fenêtres et autres escaliers monumentaux de la fin du XIXe siècle.

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    1ère étape : poser les coins de bois

  • Légende photo :

    2e étape fendre la pierre

  • Légende photo :

    Tailler les formes souhaitées

  • Légende photo :

    Les outils

  • Légende photo :

    Les blocs épars abandonnés dans l’urgence

  • Légende photo :

    1914 : un départ précipité d’une famille d’Italiens

    Sur la rive gauche de l’Arveyron, dans la forêt, au lieu-dit La Filiaz, ainsi qu’au lieudit la Pierre à Orthaz, ou dans la Moraine d’Argentière, se trouvent d’anciennes carrières de tailleurs de granit. On y a recensé jusqu’à trois cents ouvriers, pour la plupart d’origine italienne. Arrivés dès le milieu du XIXe siècle, ils étaient spécialistes de la taille de cette pierre dite « froide », car très difficile à équarrir. Ils débitaient, découpaient, polissaient puis transportaient les blocs dans toute la vallée.

    Quel était le travail des graniteurs ?

    Ce métier, à la fois très délicat et très physique, supposait une connaissance parfaite de la composition du granit : quartz, mica et feldspath. Seuls, un lit de cristaux plus fins ou une traînée de mica pouvait laisser repérer un plan de clivage, une possibilité infime de fendre ce minéral unique où les grains se mélangent, s’amalgament, inséparables ! Seul un œil exercé reconnaissait les forces ou les faiblesses d’un bloc à priori inattaquable… mais fragile par ailleurs, les fentes ou les défauts compliquant la tâche. Quelques broches d’acier permettaient de percer des trous distants d’une quinzaine de centimètres et dans lesquels on insérait des coins de bois. En hiver, les trous se remplissaient d’eau, laquelle se dilatait en gelant. Quelques mois plus tard, les coins de bois gorgés d’eau continuaient le processus d’écartement, faisant finalement éclater la roche. La martelline et la boucharde permettaient alors de terminer la forme voulue, pilier nervuré et chapiteau d’entrée de jardin, volée d’escalier, console de balcon… Restait au tailleur de granit le délicat travail de sculpteur et de ciseleur sur les faces décoratives grâce à la massette de Galice et aux ciseaux.

    Les pierres ainsi préparées étaient ensuite, à l’aide de crics, de leviers et de cales, posées sur un plateau de bois, lui-même roulé sur les rondins de bois. Le « chariot » improvisé, tiré ou parfois retenu par hommes et/ou bêtes, était roulé sur un chemin de halage rapidement tracé. Pour un bloc énorme, les rondins de bois étaient glissés directement dessous, le tout « roulant » sur des traverses de bois équarries.

    Ces pierres constituent toujours les magnifiques encadrements de portes et de fenêtres ainsi que les consoles et les balcons des hôtels et des maisons chamoniardes.

    Quant à la Pierre à Orthaz (transformée en école d’escalade) elle ne représente plus guère que le tiers du bloc erratique initial, les autres fragments constituant le monument aux morts ou les piliers de la mairie.

    Qui étaient les tailleurs de granit ?

    (Extrait du livre « Les Italiens, peuple bâtisseur », par Mino Faïta)

    À l’image d’Annecy, la vallée de l’Arve, de Chamonix jusqu’au Faucigny accueille très tôt les entrepreneurs Mosca Lorenzo, Catella Giovanni, les frères Croso Pietro, Giovanni et Guiseppe qu’accompagnent les Ceretti, Anselmino, Bianco, Dellanegra. »

     » Mon grand-père Angel Guelpa Bonaro, arrive en Haute-Savoie en 1900 en compagnie de son cousin germain Victor Mello. Il y a déjà de la famille sur place. Ils ont respectivement 12 et 11 ans. Je sais que pour leur premier travail ils participent à la construction du pont Ste Marie aux Houches, probablemet en qualité de tailleurs de pierre. »

    Dessins : Chantal de Prieck