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Marcel Wibault peintre du Mont-Blanc

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Marcel Wibault, peintre du Mont-Blanc (1904-1998) – Autrice : Joëlle Dartigue-Paccalet

Lorsque j’ai vu des toiles de Marcel Wibault pour la première fois, j’avais 15 ans, découvertes à la gare de Chamonix. En descendant du petit train, une fois passé le quai, on se dirigeait vers la sortie en traversant le hall, à la fois guichet et salle d’attente avec kiosque à journaux et bonbons. C’était magnifique : les tableaux de Wibault accrochés au mur captaient l’attention. La magie du paysage extérieur se retrouvait en décor d’intérieur.

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    Les chalets de Charousse

  • Légende photo :

    1948 Les Chavants Chalet Petit Paul

  • Légende photo :

    1946 La Poya de Vallorcine

  • Légende photo :

    1941 – Le Lac Blanc

    Marcel Wibault, peintre du Mont-Blanc (1904-1998)

     Lorsque j’ai vu des toiles de Marcel Wibault pour la première fois, j’avais 15 ans.

    J’étais lycéenne à Chambéry, ma famille avait quitté la belle Vanoise pour s’installer à Chamonix. Pour mes parents, ce n’était pas un choix, mais une obligation ! Pour l’adolescente que j’étais, ça a d’abord été un crève-cœur. Pourtant, au terme d’une journée de pluie accompagnée d’un plafond bas comme le mois d’octobre peut en fournir, le glacier des Bossons, là, juste au-dessus de ma tête, s’illumina subitement d’un rayon de soleil doré. C’était l’annonce de la fin du mauvais temps. Mais ce fut surtout le coup de foudre : adoptés Chamonix et ses glaciers prodigieux, ses aiguilles sévères et ses forêts somptueuses.

    Il en fut de même avec les toiles de Marcel Wibault découvertes à la gare de Chamonix. En descendant du petit train, une fois passé le quai, on se dirigeait vers la sortie en traversant le hall, à la fois guichet et salle d’attente avec kiosque à journaux et bonbons. C’était magnifique : les tableaux de Wibault accrochés au mur captaient l’attention. La magie du paysage extérieur se retrouvait en décor d’intérieur. On y retrouvait la haute montagne aux froides ombres bleues et aux arêtes étincelantes de lumière, les lacs aux reflets irisés, les sombres forêts, les glaciers mystérieux, la délicate gentiane et l’anémone veloutée… On y retrouvait des prés et des champs, des paysages enneigés, des alpages fleuris et des chalets de bois chaleureux où il fait bon vivre. On était décidément bien loin des salles d’attente habituelles, tristes et grises, empestant le tabac.

    Je n’ai malheureusement jamais osé frapper à la porte de Marcel Wibault. J’admirais le talent de l’artiste, mais ses toiles, pourtant pas trop chères, étaient hors de portée de ma bourse… et il n’était guère d’usage d’entrer dans un atelier sans intention d’acheter.

    Dommage…

    Un peu moins de réserve, un peu plus d’audace m’aurait permis de voir et d’écouter cet homme si simple. J’aurais pu, aussi, admirer sa technique picturale, comprendre par quel tour de magie il pouvait, de quelques touches de couleur, donner vie à une touffe de rhododendrons ! Quel mélange faisait-il sur sa palette pour trouver ce juste rose ? Carmin ou vermillon ? Un peu de blanc, mais pas trop ? Des fleurettes tout ébourifées au bout de leur petit rameau, impossibles à dessiner… et pourtant tellement vives et fraîches sous le pinceau de Marcel Wibault !

    C’est sans réserve, cette fois-ci, que, plusieurs années plus tard, j’ai adhéré au projet de Lionel Wibault de sauvegarder, classer, archiver, et surtout montrer les œuvres de son père restées invendues.

    Nous en sommes aujourd’hui à la quinzième année d’exposition au chalet Wibault. Toutes ces années ont été pour moi l’occasion d’examiner et d’admirer, une à une, les huiles de Marcel Wibault. J’ai pu accéder aux œuvres de jeunesse, les très nombreuses études conduisant à la maîtrise technique et artistique. La maîtrise de la perspective, apprise sur des bâtiments, et que l’on retrouvera tellement juste quand elle sera appliquée aux aiguilles et aux pics. La maîtrise de la couleur, apprise grâce à l’aquarelle dont on dit qu’elle ne tolère « aucun repentir ». La maîtrise du mouvement, appris par la sanguine qui donne du relief, presque de la 3d. La maîtrise de la matière, apprise par le crayon qui autorise les reflets…

    Toutes ces années m’ont également appris à connaître l’homme délicieux qu’était Marcel Wibault.

    Sa famille, ses amis, ses clients, les articles de presse…, tout concorde pour dire combien c’était un artiste talentueux, simple et serein.

    Puisse cet ouvrage vous le faire apprécier comme je l’ai apprécié.

    Aujourd’hui, le chalet du peintre continue de vivre au rythme d’une exposition annuelle pendant l’été. Dans ce lieu extraordinaire conservé en l’état avec l’atelier et le chevalet de l’artiste, les œuvres peuvent toujours être admirées, selon le thème choisi, accrochées comme autrefois aux cimaises du chalet.

    Cette collection constitue un patrimoine artistique prodigieux pour Chamonix.

    Le texte ci-dessous a été écrit par Gérard Couttet en 1956 dans Le Progrès de Lyon : soixante ans plus tard, ne semble-t-il pas d’actualité ?

    Mais si, un jour de pluie, déambulant dans les rues de Chamonix, vous cherchez une occupation, nous vous recommandons une visite au chalet Alpenrose car, mieux encore qu’un atelier de peintre, vous y trouverez un musée. Ce chalet, dont M. Wibault a fait lui-même les plans, avec ses colonnes de bois sculptées, ses fleurs gravées et peintes, ses volets aux couleurs originales, vous indique dès l’extérieur que ce n’est pas un chalet comme les autres.

    Messery/Chamonix

    mai 2015 Joëlle Dartigue-Paccalet

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