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Les gorges de la Diosaz

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Le site grandiose des gorges de la Diosaz (classé à ce jour) est exploité depuis plus d’un siècle. Torrents, lacs et cascades charment les visiteurs du XIXe siècle. Le site s’y prête, il ne faut pas plus d’un an, en 1874, à Achille Cazin pour se rendre propriétaire des lieux et aménager un sentier surplombant le torrent bouillonnant au fond du ravin.

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    Près de la cascade des Danses

  • Légende photo :

    En montant vers le Soufflet

  • Légende photo :

    Un sentier tracé au-dessus du torrent bouillonnant

  • Légende photo :

    Le chemin recouvert de neige en hiver

  • Légende photo :

    Glaçons tombant en stalactites

  • Légende photo :

    Chant composé par l’auteur des harmonies du Mont-Blanc, l’abbé Briffod

    La Diosaz, torrent impétueux de montagne, prend sa source sur le versant sud du Mont Buet (le Mont-Blanc des Dames : 3099 m). Se frayant un passage à travers une faille étroite entre de hautes murailles rocheuses, il s’y précipite par sept cascades successives.

    « Mes bords sont escarpés et nul ne peut sans crainte Dans son lit de rochers contempler mon courant ;

    La montagne dressait devant moi son écran ; 

    J’ai fendu la montagne, ouvrant ce labyrinthe Où va s’engouffrer mon torrent !… »

    Ainsi, en 1874, s’exprime Joseph Lombard, curé des Houches et poète, pendant qu’Achille Cazin, professeur à Perpignan et propriétaire des Iles de la Diosaz, constitue, cette même année, une société dans le but d’exploiter ce site si pittoresque. Mais il fallait la motivation de Pierre Berthoud, charpentier à Servoz, pour aller au bout de ce projet un peu pharaonique. Pourtant cet aménagement aussi dangereux et difficile qu’il soit, s’achèvera sans accident un an plus tard et les 1500 premiers touristes de cet été-là visitent avec ravissement cette nouvelle « merveille des Alpes ».

    En 1887, c’est au tour de l’abbé Jean François Briffod de composer une ode polyphonique pour les Gorges de la Diosaz :

    Qui te peupla de mystères, Ô merveilleuse Diosaz,

    Qui creusa ces fondrières où tes eaux ne se voient pas

    Qui t’a légué tes caprices, le Buet ou le Brévan

    Comme eux par tes précipices tu fais rêver le passant.

    Trois fois Soufflet et Cachette, votre flot en brillants jeux

    Sous ce pont que le roc jette, vient émerveiller nos yeux

    Et dans sa chute rapide, roulant d’écueil en écueil

    Se brise en argent fluide qu’il lance en l’air plein d’orgueil.

    Ecoutons Chant Rouge et Danses, grondant sous les hauts sapins

    Barme Rousse tu te lances aux pieds des nombreux ravins

    Comme eux roulant des ruines dans un mugissement bas-fond

    Bois minés dans leurs racines, rocs détachés du vallon

    Combien tes eaux frémissantes sous leur dôme épais, riants

    De sapins, d’aulnes pendent me charment plus qu’à Trient

    Ton onde en jeux plus féconde, à l’oeil ravit tout repos

    Beau Servoz où ce flot gronde, fier, redis-m’en les échos.

    Refrain :

    Sous les ponts lancés en l’air, je vois ton eau qui fume, Ses bonds de roc en roc et sa brillante écume.

    Suivre ce sentier au petit matin, avec ses pierres patinées par des milliers de passages, est un rêve. D’abord la forêt d’où s’exhalent des odeurs de pierre humide, puis, plus loin, les gorges où les rayons du soleil sortent francs et droits à travers les sapins juchés au bord du précipice et dardent le torrent dans une poussière irisée. Les jets d’écume blanche contrastent avec le schiste noir et la protogine rouge et verte, ainsi qu’avec les rochers gris et roux d’oxyde de fer ou colorés d’un lumineux lichen jaune. Plus de cent espèces de fougères ont été répertoriées dans ces lieux où l’on peut, avec un peu de chance, admirer le cingle plongeur, petit oiseau étonnant qui pêche en marchant sous l’eau. Plus haut, dans un fort grondement, les eaux se jettent dans les « marmites de géant » creusées par l’action séculaire de l’eau, pour s’étaler ensuite en nappes d’une transparence d’aigue-marine. Des troncs d’arbres dénudés, amoncelés pêle-mêle sur les berges, attestent la violence du torrent due aux orages ou à la fonte des neiges.

    Relevant du « génie civil », ce cheminement, tantôt rive gauche, tantôt rive droite, constitué de passerelles, d’escaliers, de ponts de bois, mène à un pont naturel, énorme bloc de rocher coincé au-dessus d’une cascade appelée « le soufflet ».

    Glaçons tombant en stalactites, arbres enneigés au bord du torrent que l’on devine grondant sous la glace, les Gorges de la Diosaz composent en hiver un spectacle mystérieux et grandiose : frissons garantis ! Gaby Curral-Couttet évoque le souvenir des promenades en traîneaux organisées en 1924 par les hôteliers de Chamonix.

    De temps en temps, sous un beau clair de lune, des promenades étaient organisées ! En dépit du froid, on se battait pour retenir son traîneau. Le départ de ces traîneaux, qui se suivaient en file indienne, tirés par des chevaux empanachés faisant sonner leurs clochettes dans la nuit calme, était inoubliable. Roulés dans des fourrures, bouillottes aux pieds, on s’en allait à Servoz voir les Gorges de la Diosaz où il fallait s’agripper pour suivre le petit sentier glacé qui grimpait le long des profondeurs, sous les stalactites, dans une orgie de couleurs. Spectacle presque irréel dont on revenait gelé mais enthousiasmé !

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