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Des mulets en montagne

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Bête de somme et monture idéale dans quasi toutes les montagnes du monde, animal rustique au pied montagnard, le mulet a été très rapidement utilisé pour porter les sacs des voyageurs, puis les voyageurs eux-mêmes, ravis d’être exemptés de la rude grimpée sur les flancs abrupts des montagnes.

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Halte à Caillet – Mulets et touristes avec les guides et les muletiers

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Jules Claret-Tournier et sa mule blanche

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Extrait du Compte-rendu de la revue des montures par la Compagnie des Guides en 1872

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Excursion à dos de mulet vers la Flégère

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Mulets chargés de ciment lors de la construction du chemin de fer du Montenvers.

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Benoît Couttet et ses mulets à l’abreuvoir

    Bête de somme et monture idéale dans quasi toutes les montagnes du monde, le mulet a de longue date été adopté par les habitants de la vallée pour leurs tâches pastorales, agricoles ou forestières ordinaires. Animal rustique au pied montagnard, il a été très rapidement utilisé pour porter les sacs des voyageurs, puis les voyageurs eux-mêmes, ravis d’être exemptés de la rude grimpée sur les flancs abrupts des montagnes. De leur côté, guides et muletiers n’ont pas refusé la rondelette somme d’argent à gagner pour ces services, mulet et guide bénéficiant parfois du même tarif. L’excursion à dos de mulet devient courante, et c’est ainsi que chaque jour on peut suivre ces spectaculaires caravanes de mulets portant cavalier et de marcheurs, en route pour la Flégère, la Mer de Glace ou le glacier des Bossons.

    Cette pratique devenue habituelle, la Compagnie des Guides se voit dans l’obligation d’en réglementer le fonctionnement afin de « de garantir la sécurité des voyageurs ».
    C’est ainsi que se déroule, chaque année vers la mi-mai sur la place de l’église à Chamonix, la traditionnelle revue des mulets au cours de laquelle on vérifie les qualités des mulets, leur âge et leur forme physique aussi bien que leur « caractère ». Manifestation à la fois très sérieuse et festive, le « tout Chamonix » assiste à l’inspection. Les mulets, sagement attachés à leurs anneaux, ont été amenés par leur propriétaire, chaque famille ne pouvant présenter qu’un seul animal. La visite générale commence, mulet après mulet, visite au cours de laquelle les bêtes capricieuses, rétives, ou potentiellement dangereuses sur les sentiers étroits de montagne seront éliminées sur l’heure. Juge de Paix, vétérinaire, Intendant, guide-chef… une commission est nommée pour exécuter cette visite annuelle complète de chaque animal, y compris son harnachement par un sellier qui procédera à des essais avec cavalier.
    C’est ce qui se passe, ce 9 mai 1863, sur la place de Chamonix.
    « Plus de trois cents mulets (aucun habitant n’a le droit d’en présenter plus d’un à la révision) sont à tour de rôle amenés sur la grande place du pays et essayés par un cavalier. Toutes ces mules, car c’est ce sexe qui domine, pourvues de leur harnachement qui est minutieusement contrôlé, caracolent devant le comité, et la sentence d’admission ou de rejet est prononcée au vote avec la plus scrupuleuse impartialité.
    Tout mulet rétif, poussif ou vicieux – et il est des débuts orageux sur ce turf original – toute mule trop fringante qui désarçonne son cavalier est impitoyablement renvoyée à l’écurie de son propriétaire après avoir amusé la foule des curieux par ses incartades sans danger sur le champ clos de la manœuvre. Il n’est pas inutile d’ajouter que plus d’une de ces excellentes mules atteignent des prix de 12 à 1 400 francs et qu’il en est peu qui valent moins de 600 francs. »

    Contre une rétribution de 2 francs par propriétaire, en cette année 1872, 206 mulets sont inscrits au « rôle » de la Compagnie des Guides et pourront, comme l’écrit l’Abeille de Chamonix, « attendre les touristes qui honoreront leurs croupes de leurs poses plus ou moins gracieuses ».

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