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Marcel Wibault, peintre du Mont-Blanc

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J’avais 15 ans lorsque j’ai découvert les toiles de Marcel Wibault… à la gare de Chamonix. En descendant du petit train, une fois passé le quai, on se dirigeait vers la sortie en traversant le hall, à la fois guichet et salle d’attente avec kiosque à journaux et bonbons. C’était magnifique : les tableaux de Wibault accrochés au mur captaient l’attention. La magie du paysage extérieur se retrouvait en décor d’intérieur. On y retrouvait la haute montagne aux froides ombres bleues et aux arêtes étincelantes de lumière, les lacs aux reflets irisés, les sombres forêts, les glaciers mystérieux, la délicate gentiane et l’anémone veloutée… On y retrouvait des prés et des champs, des paysages enneigés, des alpages fleuris et des chalets de bois chaleureux où il fait bon vivre. On était décidément bien loin des salles d’attente habituelles, tristes et grises, empestant le tabac.

Page publiée avec l’aimable autorisation de Lionel Wibault, fils du peintre.

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    La cathédrale de Milan (dessin à la plume)

  • Légende photo :

    Refuge du Couvercle (aquarelle)

  • Légende photo :

    Portrait de Lamartine (dessin à la plume)

    Marcel Wibault (1904-1998) est un personnage hors du temps, une véritable figure chamoniarde. Né à Besançon et formé aux Beaux-Arts, il s’installe à Chamonix en 1936 et ne quittera plus la vallée, laissant à la postérité plus de 4 000 œuvres, paysages de montagne, pastorales et d’innombrables parterres sauvages d’anémones, de gentianes ou de rhododendrons.

    Globe-trotter à la poursuite des sites les plus pittoresques, Marcel avait parcouru les Alpes et le Jura, l’Italie et la Suisse, l’Oisans et la Vanoise, le Val Montjoie et la Maurienne, Zermatt et Milan… Mais c’est à Chamonix qu’il décida de s’installer. Nous étions en 1936.

    Il ne lui fut pas très difficile de trouver une chambre à louer chez l’habitant. Ses nombreuses sorties dans le massif du Mont-Blanc avec le CAF Besançon l’avaient conduit vers les refuges, Requin ou Couvercle… Il y avait rencontré des guides du pays, comme André Farini, « pirate » de la Mer de Glace au Montenvers. Ce dernier le mit en contact avec sa sœur, Marthe, épouse d’un autre guide des Mouilles, Albert Claret-Tournier. Marcel se présenta devant la vieille ferme et demanda s’il pouvait disposer d’une chambre. « Avez-vous la tuberculose ? » lui demanda-t-on.

    C’était l’époque où villes et villages de montagne voyaient arriver quantité de « primo-infections », malades pulmonaires venant chercher un peu de réconfort et tenter de recouvrer la santé au bon air de la montagne, loin des miasmes de la ville.

    Après avoir rassuré les propriétaires, Marcel Wibault emménagea dans la petite chambre le 1er mai 1936 : « Il fait beau, l’air est pur et frais ici, tout près des bois. »« … Elle est magnifique la montagne. Le Mont-Blanc est éblouissant. »

    Suzanne Claret-Tournier et Jeannette Miretti, les filles de Marthe et Albert, s’en souvenaient :

    « Nous étions petites filles quand Marcel Wibault est venu louer une chambre chez nous. Pour se faire un peu d’argent, nos parents avaient aménagé, à l’étage, dans la grange, une pièce qu’ils louaient, l’été, aux employés saisonniers de la poste. Cette chambre donnait plein sud, juste au-dessus de la cuisine familiale, face aux aiguilles et au Mont-Blanc. Mais elle n’était louée que l’été car elle était difficilement chauffable. Seul un petit poêle avait pu être installé dans un coin de la pièce au moment où Marcel Wibault est venu habiter ici. Quelle émotion pour nous de voir arriver ce grand escogriffe juché sur un vélo et avec pour tout bagage un sac à dos ! Vêtu comme un « armailli », il portait une grande veste tyrolienne blanche par-dessus un gilet sans manches brodé. Tout de suite, il a pris possession des lieux en installant son chevalet devant la fenêtre, face aux montagnes. »

    Ses toiles plaisent immédiatement au public. Il peint la nature, les montagnes de Chamonix, les fleurs de la vallée. On le voit, au petit jour, sac au dos, grimper sur quelque sommet ou s’asseoir au bord d’un glacier pour transcrire sur son panneau la splendide lumière du matin sur les cimes. Géologue averti, il peint également le granit et le gneiss, les schistes et les veines de quartz. Parfois, sa palette immortalise la douceur d’un visage familier, une scène de la vie quotidienne, un repas autour d’une fondue… Mais il n’oublie pas sa première passion, celle de son enfance et des soldats qu’il fait revivre avec la rigueur d’un historien.Dans le calme de son chalet, un peu à l’écart du centre animé de la station, Marcel Wibault peint, tranquillement entouré des siens.

     

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